Quelques unes des scènes les plus affreuses eurent lieu aux abords du pont d'Akimovski, où les soldats
se battirent littéralement pour tenter de gagner la rive orientale du fleuve. Les blessés et les plus faibles furent piétinés.
Les officiers se menaçaient parfois entre eux pour essayer
de faire passer leurs hommes les premiers.
De nombreux soldats tentèrent, pour éviter les encombrements qui bloquaient le pont, de traverser à pied le Don
gelé. Or, si la glace était épaisse et solide près des rives,
elle était parfois mince et fragile vers le centre. Ceux qui
passaient à travers étaient condamnés. Nul ne pensait
même à leur venir en aide. Les comparaisons avec ce
qu'avaient connu les soldats de Napoléon au passage
de la Berezina venaient immédiatement à l'esprit.
A Peskovatka, par exemple, un officier de chars signalait le comportement frénétique
d'une unité de DCA de la Luftwaffe brûlant et faisant sauter
dans une folie complète les réserves de vivres et de matériel. D'une façon générale, les soldats pillaient tous les dépôts qu'ils rencontraient. Ils remplissaient leurs sacs et leurs
poches de boîte de conserve. Ils en ouvraient d'autres avec
leurs baïonnettes sans savoir ce qu'elles pouvaient contenir.
Des soldats n'ayant pas reçu de tenues d'hiver et
voyant les hommes de l'intendance en brûler par paquets
entiers se précipitaient dans les flammes pour aller les récupérer. Dans le même temps, le Feldpostamt mettait au feu
des piles de lettres et des colis dont beaucoup contenaient
des vivres envoyés d'Allemagne.